La verticalité
Qu’il s’agisse d’architecture traditionnelle ou sacrée, d’organisme vivant comme une plante, en Inde ancienne, la position de l’homme dans l’Univers a une orientation spécifique dans l’espace : il se dresse entre le ciel et la terre, il est le trait d’union, le lieu privilégié de transformation de ces deux pôles d’énergie.
Le sens de cette architecture trouve un écho dans la pratique posturale du yoga comme les postures de l’arbre, de la montagne, du pilier cosmique, du palmier.
La posture naturelle de l’homme est la position debout.
Cette position n’est en réalité pas statique : c’est une alternance d’équilibre. Le centre de gravité du corps oscille dans un polygone assuré par la vision de l’œil, l’équilibre de l’oreille interne, le jeu de la mâchoire et la proprioceptivité des pieds. À partir de la pression sur le sol, il y a un mécanisme qui s’élève vers le ciel par un réajustement ininterrompu des pièces anatomiques de la colonne vertébrale à chaque instant jusqu’au sommet de la tête. L’aplomb de cette architecture vouée aux mouvements dans les trois plans de l’espace, requiert mobilité entre les pièces anatomiques.
Elle illustre la notion de pilier ou d’axe représentée par la colonne vertébrale.
La partie symbolique de la verticalité est représentée par la ligne et l’axe. L’homme en tant qu’être vertical représente ainsi l’étape intermédiaire entre la terre et le ciel où se transforme l’énergie de ces deux pôles. Il y a à la fois enracinement et envol.
La vie du corps physique est exprimée aussi sous sa forme de conscience, d’énergie, de souffle (prâna), de pensées. Alors on parle de corps subtil où il existe une arborescence des centres subtils (chakra) installée sur une verticale avec élan et déploiement.
L’homme accorde beaucoup d’importance à la nature et aux végétaux.
« Depuis l’origine la plus lointaine du monde, l’homme s’est identifié à l’arbre et en a fait le symbole de la totalité de son être ».
La posture de l’arbre illustre et vénère la force de vie « source et soutien du corps comme la sève maintient la longévité et la beauté de l’arbre ».
L’arbre est image du monde en expansion, symbolisant le cosmos en perpétuel renouvellement.
La montagne illustre aussi cette verticalité : identifiée comme axe du monde et « moyeu du ciel ».
Dans les temples du Sud de l’Inde, on trouve un pilier central traversant un dôme représentant le ciel. La posture pada hasta dipasthamba asâna « fait du corps un pilier de lumière », lumière signifiant ici connaissance.
Toute dualité est anéantie alors et l’homme oscille en permanence dans sa vie entre obscurité et lumière.
Dans la verticalité, on retrouve tous les thèmes d’équilibre, d’enracinement, d’élan, de profondeur, de paliers, d’étapes d’expérience intérieure, de transformation et de lieux de passage d’énergies cosmiques et spirituelles.
L’homme est un pont vers l’immortalité et un lieu de transformation, d’éveil.
Dans ce monde mouvant, tumultueux, nous tirant sans cesse vers l’extérieur, ne pourrait-on pas prendre conscience de cette verticalité à chaque instant, c’est si simple , et ainsi nous éveiller ?
Les citations sont extraites de l’ouvrage « Yoga et Symbolisme » de Shri Mahesh (disponible auprès du CRCFI).